MOIRAS Jean « Voyages »

Si le voyage est l’essentiel de ma source d’inspiration, il ne faut pas oublier le travail de réflexion dans le silence de l’atelier. Voyager c’est l’activité permanente mais nous sommes tributaires et soumis aux aléas de l’organisation du pays, des moyens de transport, des odeurs, du bruit ambiant en un mot de la vie.
Tout cela demande de « maturer », de reposer.

Pour moi la vraie perception réside dans les déserts. Le grandiose et le silence font que la sensation des choses est différente. Admirer un coucher de soleil sur la mer ou dans un désert est une chose magnifique, mais pour le peintre cela ne suffit pas. Si un croquis ou une photo peuvent nous permettre le souvenir, la pensée du moment par l’écriture sera plus forte que l‘esquisse elle-même.

C’est ce qu’engendre la réflexion à l’atelier. Elle nous permet de créer une vision nouvelle, indépendante du sujet premier. La peinture doit toucher l’intime du spectateur. Qu’importe qu’il ne connaisse pas la réalité d’un paysage ou d’une ville, il doit s’imprégner de l’émotion du peintre qui tend à la lui faire partager.
Une peinture n’est jamais terminée, c’est celui qui la regarde qui parachève
l’œuvre.

Pour le peintre toute vision est sujet et peut devenir une peinture. Il ne s’agit pas de peindre la vie, mais de la rendre vivante. Ce n’est pas le regard réaliste qui doit
s’imposer mais la transposition dans un monde de rêve.

« La peinture est une cérémonie en solitude ».

Jean Moiras