Marie-Amélie GERMAIN

Marie-Amélie GERMAIN

Du 08.02.2025 au 29.03.2025

À propos de l’exposition

La cabane, l’humain en creux

Avant d’être un motif de peinture, le jardin familial a été pour moi un espace grâce auquel je pouvais accéder à la tranquillité de la nature mais aussi aux bienfaits de la terre pour peu qu’on acceptât de s’en occuper un peu.

Mon rapport à ces quelques mètres carrés de pelouse et de potager se révélait donc conforme à la vocation première des jardins, autrefois appelés “jardins ouvriers”, mis en place en Alsace dès le début du XXe siècle.

Il s’agissait alors de permettre aux familles des classes populaires de se fournir en fruits et légumes…

De cette expérience pratique allait pourtant naître une série de peintures et dessins sur laquelle je travaille depuis quelques années.

Le jardin, à travers son objet le plus emblématique, sa cabane, constitue en effet un thème aux multiples entrées. Nul doute que mes interventions à l’École nationale d’architecture de Strasbourg aient sollicité mon attention à l’égard d’une structure vernaculaire des plus inventives.

Ce qui me frappe dans ce labyrinthe d’espaces individuels, c’est la dynamique collective qui en émane. Dynamique de milieux, de générations, de pays, de diversités culturelles.

Mes voisins viennent de tous horizons, on y entend toutes les langues: le turc, l’iranien, le russe, le croate, l’arabe, le grec, l’italien, le tchétchène… et bien sûr l’alsacien !

Une joyeuse tour de Babel dans laquelle s’ancre la plus élémentaire des solidarités, la plus manifeste des convivialités.

Mais par delà ces différences, ces histoires, dont certaines furent difficiles, demeure cet objet, la cabane, comme une métaphore de l’abri. Que son usager vienne d’Anatolie, du Maghreb, des Pouilles ou de la Robertsau, elle n’affiche aucune différence originelle. Elle s’impose dans une neutralité, faite de bric et de broc, qui est celle d’un lieu renvoyant à sa seule fonction: entreposer un matériel et de quoi passer quelques heures agréables en plein air pour des citadins reclus en appartement.

Et puisqu’il s’agit aussi de peinture, la cabane, par son cadre naturel, constitue aussi une façon singulière, contemporaine, de traiter le thème du paysage. La tradition y est à la fois maintenue et détournée. Par cette construction pauvre de planches et de matériaux de récupération, l’Homme y figure en creux. On y imagine les scènes familiales qui s’y déroulent le week-end venu.

Des tranches de vie, avec pour témoins ces cabanes qui se transmettent dans un petit coin de l’agglomération strasbourgeoise en jouant à saute-frontières au fil du temps.

Marie-Amélie Germain

Cabane verte - 100 x 125 cm
Portrait
Cabane bleue - 93 x 118 cm
Cabane rouge - 98 x 127 cm
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